La Nouvelle République

Truc Dim 21 Mar - 22:07

Il y a pas vraiment de scoops pour les fidèles, mais je viens de tomber sur cet article dans La Nouvelle République:

STÉPHANE ROBERT – Le Blésois est passé de la 304e à la 61e place ATP en un an

LA RÉVÉLATION TARDIVE

Depuis le Tourangeau Thierry Tulasne (n° 10 mondial en 1986), la région Centre n'avait plus connu de tennisman classé dans le top 100 à l'ATP. Ce long tunnel s'est achevé le 1er février dernier avec l'apparition de Stéphane Robert à la 100e place juste après sa victoire au premier tour des Internationaux d'Australie contre l'Italien Starace (n° 63). Pour mémoire, le surlendemain, Robert oblige Montanes (n° 30) à batailler cinq sets après avoir remporté les deux premiers.
La semaine suivante, Robert met la barre encore plus haut en atteignant la finale du tournoi ATP 250 de Johannesburg. En demi-finale, il s'offre David Ferrer (n° 18, ex-n° 4), sa plus belle victoire à ce jour. Ce succès le propulse à la 65e place mondiale, une position encore améliorée huit jours plus tard (n° 61) après son titre au challenger de Tanger (Maroc). Après un mois de repos (pour soigner un muscle fessier) et d'entraînement, le joueur de l'AAJ Blois fait ce lundi sa rentrée au Master 1.000 de Miami (États-Unis).

Comment expliquez-vous cette éclosion tardive ?
« Lorsque j'étais jeune, je faisais partie des meilleurs, mais pas des tout meilleurs. Par exemple, à 14 ans, Llodra était le n° 1 français des 1980, moi je n'étais que le dixième. Lui et quelques autres ont eu la possibilité d'intégrer le circuit fédéral ; pas moi. Mon parcours a donc été plus chaotique. Mais, à l'arrivée, ça ne change pas grand-chose. Aujourd'hui, Llodra et moi, on a quasiment le même classement. »

Quel a été le déclic qui vous a fait basculer d'un anonyme professionnel à un joueur du top 100 ?
« Une fois que mon hépatite A a été guérie, j'ai décidé de mettre toutes les chances de mon côté jusqu'au moindre petit détail. Je suis vite remonté à la 160e puis est arrivé le Challenger d'Orléans à l'automne dernier où je vais jusqu'en finale après avoir battu Chardy (n° 36). Derrière ce tournoi, tout s'est enchaîné, avec quelquefois un peu de réussite comme mon entrée directe dans le tableau final aux Internationaux d'Australie en raison du forfait de dernière minute de Nalbandian ou mon statut de tête de série à Johannesburg suite à la défection de plusieurs favoris. »

Qu'est-ce qui a changé dans votre jeu depuis que vous êtes 61e à l'ATP ?
« Dans mon jeu, de toutes petites choses ; mais dans ma tête, je me sens beaucoup plus fort. A ce niveau-là, ça ne se joue plus sur le tennis, mais sur la concentration et le mental. Honnêtement, je joue comme il y a six mois, mais mon état d'esprit n'est plus le même. Chaque coup est pensé et millimétré. Je ne lâche plus aucun point ; et quand mon adversaire lâche le premier, je sais pourquoi. »

Jusqu'où tout ça peut-il vous mener alors que vous approchez de la trentaine ?
« Je ne me projette jamais sur le long terme, même si j'aimerais bien encore gagner une vingtaine de places pour rentrer dans le top 40. Mon ambition, maintenant que mon classement me garantit d'accéder aux tournois du grand circuit, c'est d'en profiter un maximum et d'essayer de battre de très grands joueurs… »

En janvier, à Melbourne, vous aviez failli affronter Federer au troisième tour…
« En effet, si j'avais battu Montanes au deuxième tour (NDLR : défaite 3 sets à 2 alors qu'il menait 0-2), j'aurais affronté le n° 1 mondial. En parler comme ça, c'est amusant, mais une fois sur le terrain, ça doit être une autre paire de manches. Federer, c'est un monument du tennis. Maintenant, il n'est pas impossible que cette année, si je remporte mes premiers tours, il m'arrive d'affronter des joueurs du top 10. »

Quelle est la part de votre entraîneur Ronan Lafaix dans vos succès ?
« Elle est très importante. Dès la première séance en 2001, il m'a bluffé. J'ai senti que j'allais énormément progresser. Avec lui, que l'on travaille techniquement ou physiquement, il y a toujours un lien avec le mental. Apprendre à respirer, apprendre à gérer ses émotions : c'étaient des aspects que je ne connaissais pas mais qui sont indispensables pour évoluer vers le top niveau. Sa grande force, c'est de proposer et de faire prendre conscience, jamais d'imposer. »

C'est comment la vie sur le circuit professionnel ?
« Voyager, j'ai fini par y prendre goût. J'ai toujours été comme un poisson dans l'eau sur les tournois, que ce soit sur les Futures, les Challengers ou les ATP. Je suis fasciné par les langues étrangères ; ça m'amuse de penser que les mots sont différents pour s'exprimer selon que l'on se trouve sur telle ou telle partie du globe. J'ai toujours privilégié le contact avec les joueurs étrangers pour apprendre d'eux. Je connais beaucoup de monde sur le circuit, j'ai joué avec tellement de partenaires différents en double que des contacts se créent, nous sommes compétiteurs avant tout mais l'ambiance entre les joueurs est très relax. Je m'entends bien avec tout le monde, surtout les Italiens qui m'amusent beaucoup tout comme les joueurs d'Europe de l'Est. »

Entretien : Pierre Michel
(21/03/2010)

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